• Notre Premier Ministre a abordé récemment le dossier de l’Ordre des Infirmiers. Alors que la suppression de cette institution est contenue dans le projet de loi santé actuellement débattu, il a affirmé qu’il ferait tout pour la maintenir…Il renie ainsi les engagements de son parti politique et plus particulièrement ceux de Mme Marisol TOURAINE qui soutenait la lutte des infirmières contre l’Ordre quand elle était dans l’opposition….
Nous ne savons pas quel est le niveau de discussion sur ce dossier à l’intérieur du gouvernement et du parti politique auxquels appartient Mr VALLS. Cependant, avec l’éclairage du procès qui va nous opposer à l’Ordre des Médecins de Gironde (qui n’a pas hésité à harceler, avec huissier à l’appui, un médecin retraité pour non paiement de cotisation), nous souhaitons nous inscrire dans ce débat qui, à nos yeux, ne doit pas être clôturé aussi rapidement. Parmi la dizaine d’ordres professionnels existants en France, nous avons en effet une expérience tout à fait particulière avec deux d’entre eux :
L’Ordre des Infirmiers a été créé en 2006 sous la pression de certains lobbies …sous le masque de la « nécessaire reconnaissance professionnelle », ils y voyaient un merveilleux instrument de domestication d’une catégorie professionnelle. Les huit années écoulées ont montré sa nocivité. La belle résistance des infirmier-e-s, qui sont 72% (= 430.000) à ne pas cotiser, en viendra peut être à bout…
L’Ordre des Médecins est plus ancien. Après plusieurs tentatives initiées par la partie la plus conservatrice des médecins mais repoussées à plusieurs reprises, cet Ordre est né en octobre 1940. Il n’a pas hésité d’emblée à appliquer dans le monde médical les lois anti-juives du gouvernement pétainiste d’alors (nous avons des exemples locaux caricaturaux). Il s’est opposé par la suite à la nécessaire évolution des pratiques médicales, avec là aussi des déclarations caricaturales sur de nombreux dossiers (conventionnement des médecins et accès aux soins pour les usagers, développement de la médecine de groupe, libéralisation de la contraception et de l’avortement…etc…) ;
Ayant réussi à « sauver sa peau » lors de la première arrivée au pouvoir de la gauche politique (qui avait programmé sa suppression dans les années 80), il nous a habitués depuis à une discrétion relative. Il n’a toutefois jamais cessé de prendre parti dans le débat social…et de nous présenter ses opinions pour celles de « l’ensemble du corps médical »…Il a poursuivi sa pratique de syndicat obligatoire. Il a pris récemment, nationalement et localement, des positions contre le projet de tiers payant généralisé, en restant figé sur la charte de la médecine libérale de 1929. Il est très critiquable dans de nombreux dossiers en cours.
Au-delà de ce que nous affirmons ce jour, l’ampleur des soutiens que nous enregistrons depuis trois semaines nous font dire que, lors du futur procès de Bordeaux, le débat va être riche. Il abordera le parcours du médecin accusé, mais aussi la légitimité de l’Ordre qui n’a pas hésité à le harceler pour le faire « rentrer dans le rang » ! Si Mr VALLS persiste à vouloir éviter tout débat et maintient sa position figée, il se situera non seulement à l’aile droite de son propre parti mais également à celle de l’ensemble de l’échiquier politique.