Mr Cazabonne ne fait pas de politique à Talence, aime-t-il à répéter, et encore une fois devant la Poste la semaine dernière. Mais Monsieur Cazabonne utilise le bulletin municipal (n° 6) pour nous donner... une leçon de morale plus que d'économie.
Et quelle leçon !
Les responsables de la crise qui "ne sera pas sans suite pour l'habitant de Talence" serait "née de l'inconséquence (pour ne pas dire autre chose) de banquiers anonymes de Floride ou du Missouri" ! Monsieur Cazabonne a regardé les élections américaines à la télévision alors il cite des lieux dont il a entendu parler. Mais il n'a pas entendu parler de l'inconséquence de la caisse d'Epargne ou de la Société générale, qui ne seraient donc pour rien dans la crise ?!
Ce système est injuste, dit-il, mais parce que le banquier de Floride peut provoquer une crise en étant inconséquent. Heureusement, à Talence, dans "ces temps sans morale"qui agressent les plus humbles, le Maire en appelle à refuser l'égooïsme et à redonner l'idée du "mieux vivre ensemble' et du dialogue comme seule arme contre les rigueurs du temps.
Et plus à droite... il y a le "centre" de Cazabonne
Regardez la photo en marge de cet éditorial : il rigole, fier de sa pirouette. Cazabonne se moque du monde, car c'est vraiment là ce qu'il y a de plus à droite et de plus patronal comme analyse politique de la crise et de ses conséquences !
Pour lui, ce n'est pas le système qui est en cause et qui doit être radicalement rejeté parce qu'il écrase régulièrement les plus humbles. "Dans le système économique et financier global qui est le nôtre", et qui semble immuable et hors d'atteinte, il faut répondre... "par le dialogue" !
Même les ministres du gouvernement Sarkozy et Sarkozy lui-même ont compris qu'il fallait faire semblant de critiquer le système, en dénonçant non le capitalisme, qui resterait bon, mais le capitalisme financier, qui en serait une dérive à rejeter.
Bien sûr, ils ne rappellent pas à quel point ils ont eux-mêmes pousser à cette financiarisation, avec toutes les réformes qu'ils soutiennent depuis 2 ou 3 décennies (autonomie des banques centrales, privatisation de toutes les institutions financières, remplacement des systèmes solidaires par des systèmes d'assurances individuelles, contenu des accords et traités européens...) en alternance avec les gouvernements à direction PS.
Cazabonne, lui, en fait une affaire d'erreur (ou de malhonnêteté ?) de l'un ou l'autre, et il n'envisage pas d'y remédier autrement que par le dialogue.
Le capitalisme c'est l'accumulation des richesses pour quelques uns et les difficultés et la misère pour les autres !
Bien sûr, Cazabonne ne veut pas voir (ne veut pas que nous voyons) que cette financiarisation est dans la logique même du système. Les "libéraux" nous ont vanté jusqu'à il y a peu cette main invisible du marché qui permettrait la meilleure répartition possible des richesses produites, que les fortunes amassées par les plus riches n'étaient pas la cause de la pauvreté, qu'au contraire cet enrichissement était un encouragement pour tous, que cela tirait les plus humbles vers le mieux-être. Patatras.
Mais là où Cazabonne et ses comparses trichent, c'est que les groupes industriels ne sont pas moins coupables que les banquiers ! Si la banque est en faillite, c'est aussi parce que les ménages ne peuvent rembourser les crédits que leur ont été accordés, puisqu'on les prive de revenus par les délocalisations et la précarisation des emplois !
Quand Ford licencie, ce n'est pas parce que son banquier est méchant ou bête, c'est parce que les actionnaires de Ford veulent toujours plus, qu'il va donc produire à bas coût ailleurs, avant de s'apercevoir que, comme tous les industriels font de même, il n'y a plus personne pour acheter.
Surtout, Cazabonne ne veut pas que les victimes de la crise disent clairement : nos vies valent plus que leurs profits, tous ensemble dans l'action. partage du temps de travail, partage des richesses, ou alors ça va péter.
De là où il est, on n'attend pas d'un Maire qu'il nous dise qu'il va tout résoudre. Mais il n'est pas obligé de se foutre à ce point de nous... en racontant des sornettes. Quand on pense que nos élus (de la commune à l'Europe en passant par les collectivités territoriales et les Etats) ne sont même pas foutus de prendre appui sur cette crise pour reprendre la main sur les services publics qu'ils ont imprudemment confié au privé !
Des paroles... et des actes !
Quand on pense qu'un Cazabonne vient dire devant la poste qu'il veut défendre le service public, alors que son héros Bayrou a justifié la mise en concurrence du service postal, et même la "constitutionnalisation de cette concurrence généralisée !
Et qu'il est élu avec l'UMP de Juppé et Sarkozy qui ont approuvé toutes les directives européennes qui conduisent à cette situation sur la poste, et le capitalisme financier et industriel qui ne font qu'un, et qui gave une minorité d'individus et fait payer l'addition à la majorité de la population !
Alors, ce "tous ensemble", on se le prépare, vraiment ?
NPA Talence à Gauche, Vraiment le 14.11.08