Talence CazaMag de décembre 2010 - L'Editorial du maire
"NUL NE LE CONTESTE VRAIMENT"
• Dans son bulletin (cité mag) diffusé dans nos boîtes aux lettres, le Maire de Talence glisse deux à trois toutes petites lignes sur le grand mouvement social des retraites qui a mobilisé des millions de personnes, sur Talence comme ailleurs.
Deux mots d’une critique, light, convenu, sur la manière dont le gouvernement a porté cette contre-réforme, histoire de nous faire admettre, qu’au fond, tout ne serait qu’affaire de pédagogie. Mais assortie d’une sentence définitive, et assénée comme une vérité incontestable : « l’allongement de la durée du travail est une nécessité que nul ne conteste vraiment ».
Nul ne la conteste, vraiment ? Accordons, à la décharge du Maire, de ne pas avoir participé à une seule de ces manifestations qui ont rassemblé plus de cent mille personnes à Bordeaux, et de ne pas avoir vu ou entendu pancartes et slogans, et ce que portaient dans leur cœur ces manifestants, soutenus par une opinion à plus de 70%, opposés à cette contre-réforme « si nécessaire » selon-lui.
Mais que 4 salariés sur 10 soient encore en activité à l’âge de 60 ans, les 6 autres étant au chômage, en maladie ou handicap, devrait pondérer quelque peu l’enthousiasme du maire au « travailler plus » du président-rolex-fouquet’s.
La médecine, qui a, certes, progressé, permet d’espérer vivre plus longtemps, mais n’a pas fait régresser vraiment les effets du vieillissement et de la maladie. L’espérance de vie en bonne santé (sans handicap) est de 63 ans en moyenne pour les hommes et 64 ans pour les femmes. Ce qui laisse peu de temps pour profiter d’une retraite à 62 ans, et aucun pour celle à 67 ans. Et, de plus, de manière inégale : un ouvrier peut par exemple espérer, en moyenne, vivre en bonne santé jusqu'à 59 ans, dix ans de moins qu’un cadre.
Alors, oui, nous contestons, Mr Cazabonne, vos prétendus « vérités incontestables ». Notre ambition, c’est de travailler tous avec un salaire décent, pas de travailler plus individuellement. La réalité, celle qui est d’un monde que le maire, et tous ceux qui nous dirigent dans ce pays, ne vivent pas, c’est que des millions de personnes sont au chômage ou en totale précarité, et que des millions d’autres vont travailler pour percevoir un salaire indécent qui, pour beaucoup, ne permet pas de sortir de la misère.
C’est cette réalité que nous voulons changer contrairement à Cazabonne et à son MODEM au débit de droite grippé, et cela s’oppose à l’allongement individuel de la durée du travail qu’il préconise.
Tout cela nécessite de revoir la scandaleuse répartition des richesses actuelles qui a « évolué » ces 25 dernières années… de dix points de Produit intérieur Brut (la valeur de tout ce qui est produit dans le pays et a un coût) en faveur du capital et au détriment de la population. De quoi financer retraites, assurance maladie, et plus encore. La réelle cause de la contre-réforme des retraites et des attaques sur l’assurance maladie, est là. Et pour faire le bonheur des assurances privées, qui sont entre les mains de la même famille.
Mais, de cela, bien sûr, Cazabonne ne parle pas, car ce serait remettre en cause ce capitalisme qu’il porte tant dans son cœur. Et que nous combattons. Ce que nul ne contestera vraiment.
NPA Talence le 3 décembre 2010
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